Les vœux solennels

Pendant le temps de vœux temporaires qui dure habituellement 5 ans, les frères poursuivent l’apprentissage de la vie carmélitaine tout en suivant une formation intellectuelle qui les prépare à leur future mission. Ils vivent dans la communauté du studentat.

Au terme de cette période, le frère peut demander à s’engager définitivement dans l’Ordre des Carmes Déchaux par des vœux solennels. Cela nécessite un vote de la communauté éducative et la décision du Provincial qui tiennent compte de la maturité humaine et spirituelle du frère. Le frère admis à la profession solennelle est ensuite nommé par le Provincial dans un des couvents de la Province avec de possibles responsabilités locales ou provinciales.

Le discernement de l’ordination (devenir prêtre au sein de notre Ordre) se fait pendant cette période des voeux temporaires. L’éventuelle ordination a lieu au moins deux ans après la profession définitive pour permettre un enracinement profond du profès dans notre genre de vie.

Ce chemin d’humanité et d’approfondissement spirituel, survenant dans le contexte des études, ne saurait se faire sans « un accompagnement » fraternel. Comment se risquer « si personne ne me guide ? » nous rappellent les Actes des Apôtres (Ac 8, 31). Cela justifie donc (comme au noviciat) la place du maître de formation (Maître des étudiants) aux côtés du frère afin que ce dernier avance dans la liberté sur le chemin de la vie fraternelle et les voies de l’intériorité. La connaissance de soi que cela produira créera les conditions d’un vrai discernement et d’un choix libre.

Les premiers vœux

À la fin du noviciat, un vote de la communauté éducative détermine si le novice est en mesure de s’engager dans l’Ordre du Carmel. Cela s’appelle faire profession. C’est le Père Provincial qui admet le novice à faire profession avec le consentement de la communauté éducative. Les constitutions précisent : « La profession temporaire sera émise pour une durée qui ne sera pas inférieure à trois ans, ni supérieure à six ans ». Ces dispositions canoniques (lois de l’Église et Constitutions), indépendamment de leur nécessité, attestent que le frère novice a reçu les éléments fondamentaux à même de l’insérer dans la vie de l’Ordre.

Cette décision confirme également que, dans le cadre du noviciat, le frère a reçu effectivement une formation spirituelle suffisante le rendant apte à poursuivre l’aventure carmélitaine durant les années de profession temporaire. Par cette première profession, le frère s’engage ainsi à vivre les vœux de chasteté, pauvreté et obéissance durant trois ans. Il renouvellera ses voeux ensuite pendant deux ans. Ainsi le temps des voeux temporaires dure habituellement cinq ans.

Lors de ses premiers vœux, le nouveau religieux reçoit l’habit de l’Ordre, comme signe d’une nouvelle naissance : appel à être un homme nouveau et expression de l’incorporation à l’ordre du Carmel. Il rejoint ensuite le couvent du Studentat de la Province établi à Paris, rue Jean Ferrandi, situé à proximité des facultés de théologie. Il approfondira pendant ces années son engagement dans la vie religieuse avec l’aide de nouvelles expériences (études, apostolats, responsabilités) avant d’envisager peut-être la profession solennelle.

Le noviciat

Entrer au désert

L’entrée au noviciat se fait par la remise d’un « petit habit » (vêtement à capuche) lors d’une célébration privée. Le noviciat est une expérience de désert. Le novice ne voit pas sa famille et ses amis pendant ce temps. Il y a une mise à distance par rapport aux moyens techniques de communication afin de vérifier l’aptitude du novice à assumer une certaine solitude pour Dieu. La pédagogie est une pédagogie du désert, ce qui permet au novice de mieux se connaître, de s’attacher à la personne de Jésus-Christ, d’apprendre à se laisser conduire par l’Esprit en faisant le choix de l’Unique Nécessaire. Le novice approfondit son expérience de vie fraternelle par le partage la vie de la communauté. Il continue à creuser sa connaissance des grands saints du Carmel et de la vie religieuse. Le novice fait l’expérience d’un regard qui se transforme, et lui donne de voir les vœux de chasteté, de pauvreté, d’obéissance, non comme une perte, mais comme un amour qui se donne pour répondre à un amour qui appelle.

Où t’es-tu caché, Bien-Aimé ?
Tu m’as abandonnée dans les gémissements
Comme le cerf blessé tu as fui m’ayant blessée.
Je sortis à ta poursuite en criant, et tu étais parti.
Saint Jean de la Croix, Cantique Spirituel B

Le noviciat dure, en général, un an durant lequel un discernement se poursuit ; il est ponctué par trois votes de la communauté éducative. Pendant le noviciat, les novices de la Province de Paris participent à des sessions d’internoviciat qui regroupent une fois par mois pendant deux ou trois jours, des novices de différents instituts religieux. On y approfondit, par un apport pratique, théologique et anthropologique, les différents aspects de la vie religieuse. Ces sessions sont préparées et reprises par les novices et leur formateur selon la spiritualité et le mode de vie propres au Carmel.

Le postulat

A la suite de séjours en communauté ayant permis de vérifier si l’appel entendu correspond à la vocation du Carmel telle qu’elle est vécue concrètement dans notre Province de Paris et si le candidat a les aptitudes pour répondre à cette vocation, il peut faire la demande d’entrer au postulat. Cette demande est adressée au Père Provincial qui est le Supérieur de la Province.

Le postulat se vit à l’intérieur de la communauté de formation (à Avon). Il permet une entrée progressive dans la vie religieuse carmélitaine. La durée du postulat est habituellement d’un an, entre 9 mois et deux ans suivant la situation de chacun.

Un temps d’approfondissement du désir de Dieu

« Je sais bien une source qui jaillit et s’écoule
Bien que ce soit de nuit.
Cette source éternelle est cachée,
Mais je sais bien où elle prend naissance,
Bien que ce soit de nuit. »

Saint Jean de la Croix

Un temps d’apprivoisement de la vie communautaire

Le postulant participe à la vie de la communauté dans ses différents aspects : oraison, vie liturgique, lecture méditée de la Parole de Dieu (lectio divina), services, repas, travail, temps de détente et de rencontres communautaires. Les postulants gardent contact avec leurs familles et leurs amis qui peuvent venir les voir. Pendant le postulat, les postulants peuvent faire des séjours en famille. Ils ont également un petit temps d’apostolat à Avon ou Fontainebleau.

Un temps de formation

 La formation est personnalisée et prend en compte les besoins de chacun, notamment sur le plan humain (savoir-être, expression orale et écrite, équilibre psychologique) pour que la vie religieuse soit fondée sur une humanité assumée. Des repères sont donnés en ce sens : virilité, développement psycho-affectif, rapport à Internet, liberté et don de soi. Le temps du postulat permet également de (re)visiter les fondamentaux de la vie chrétienne : sacrements, liturgie des heures, discernement et relecture, lectio divina, etc.

L’initiation à l’oraison et à la vie fraternelle se fait à partir de l’expérience des grands saints du Carmel (Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux) et de l’expérience du quotidien. Une formation à la Bible est donnée par des cours à Paris ou par des frères. Le postulant apprend à s’éveiller et à développer un regard théologal, c’est à dire un regard renouvelé par la foi, l’espérance et la charité.

Un temps de discernement

Chaque postulant est accompagné par le responsable de formation appelé « maître des postulants ». Il va aider le postulant à voir clair dans ses motivations, discerner si c’est bien un appel à la vie religieuse au Carmel et si le candidat a les aptitudes nécessaires pour répondre à son appel. Vers la fin du postulat, le postulant fait sa demande au Provincial d’entrer au noviciat. Après le vote de la communauté éducative, le postulant entre au noviciat au cours d’une célébration privée.