Dans la douceur et la force de l’Esprit, Entrer dans le combat spirituel avec comme armes : la foi, l’espérance et la charité.
Notre rythme de vie
De bonne heure, dans la chapelle du Carmel, les frères carmes sont là, chacun dans la position qui lui convient pour se recueillir. Quelques mots prononcés à haute voix ouvrent l’heure d’oraison : « L’ange du Seigneur vint porter l’annonce à Marie … » Une heure de prière silencieuse, un cœur à cœur avec le Seigneur, pour accueillir le mystère de la venue de Dieu, au moment où la ville commence à s’agiter.
C’est ensuite la prière chantée du matin, l’office des Laudes. Aux voix des frères de la communauté se joignent celles des retraitants et fidèles venus au couvent. Il est bon de louer, d’intercéder, en s’unissant à la grande voix de l’Église de la terre et du ciel. Au programme le matin : variable selon les jours! Par exemple, temps de lecture spirituelle, réunion de communauté qui a lieu chaque semaine : lire ensemble quelques pages d’un saint et ami, s’enrichir de la diversité des réactions qu’il suscite, discerner ce qui porte la marque de son temps et ce qui témoigne de la Vérité qui ne passe pas.

La matinée peut aussi être employée à la préparation d’une courte homélie pour la célébration de la messe ou au courrier papier ou électronique : ces lettres reçues, chargées de vie, joyeuses ou douloureuses. Il s’agit de se laisser toucher et de faire écho après avoir levé son regard vers le Seigneur. La cloche a sonné en fin de matinée pour appeler à l’Eucharistie. Ce rendez-vous est le centre de notre journée. Il nous recrée intérieurement, nous unit les uns les autres en Christ au-delà de nos différences, nous entraîne vers un avenir dont Dieu seul a le secret.
Vient le déjeuner, avec la lecture de quelques pages d’un article ou d’un livre. Puis un temps de récréation conversation donne lieu aux échanges de nouvelles, aux plaisanteries, au rire ou à d’âpres discussions ! L’après-midi peut être consacrée à l’accompagnement spirituel, une rencontre avec une fraternité de laïcs de spiritualité carmélitaine, un groupe de prière des environs, la préparation d’une conférence, un cours, etc…

En fin d’après-midi, nous avons de nouveau une heure d’oraison avec l’office des vêpres. L’esprit et le cœur sont alors habités par les visages rencontrés au cours de la journée, les messages de joie ou de détresse reçus par email ou au téléphone, les événements lus dans le journal. Tout accueillir, tout remettre à Celui qui est venu tout porter, tout offrir. Nous aimons ces deux grandes plages de prière où nous venons pour tenir compagnie au Seigneur et apprendre de lui à dilater notre cœur à la taille de l’Église et de l’humanité.
Après le repas du soir pris sur un fond de musique classique et le temps de la vaisselle faite ensemble, la journée en communauté s’achève par le bref office de Complies, la dernière prière chantée de la journée.
S’ouvre alors un temps privilégié de solitude… ou d’apostolat pour d’autres. Les uns se couchent tôt qui se lèveront tôt. Certains frères animent une école d’oraison ou un groupe carmélitain. D’autres enfin veillent avec Celui dont nous connaissons l’Amour infini !
Est-ce qu'on travaille au Carmel ?
Depuis « les Pères du désert » jusqu’à ce jour, toutes les Règles monastiques, les Constitutions des diverses familles religieuses évoquent la question du travail. Cette attention révèle combien cette réalité qu’est l’activité humaine s’avère importante pour l’équilibre tant physique et psychologique, que spirituel du religieux. Concernant ce dernier point, le travail est souvent abordé comme un remède à l’oisiveté, mère de tous les errements.
La Règle du Carmel souligne elle-même ce danger en citant saint Jérôme : « Vous devez vous livrer à quelque travail afin que le diable vous trouve toujours occupés, et que votre oisiveté ne lui permette pas d’avoir quelque accès à vos âmes ». Cette place accordée au travail, aux activités manuelles et physiques dans la vie du religieux revêt cependant une attention plus soutenue durant les premières années de formation (postulat et noviciat).
Autre aspect du travail : s’il est antidote à l’oisiveté, il est également facteur d’équilibre et source de joie pour l’être humain. Considération qui nous fait saisir l’importance de toute activité de détente et de ressourcement pour le religieux, qu’elle touche le corps, le psychisme ou la vie intérieure. En effet, la formation spirituelle des frères et les études pourraient également conduire à des excès, nuisibles à leur équilibre. Nulle concession à la mondanité en cette approche. Dans son « projet carmélitain », sainte Thérèse elle-même a pris soin de ménager ces grands moments de détente pour l’âme et le corps appelés « récréations ». Ces moments font partie intégrante du quotidien des frères carmes.
Enfin il y a bien sûr l’enjeu économique : à l’école de saint Joseph, nous avons à gagner notre vie par notre travail, qu’il soit apostolique, intellectuel ou manuel. Notre voeu de pauvreté est en jeu dans cet engagement dans le travail avec l’aide de l’humble vie .