Témoignage : L’Année Saint-Élie

L’aventure est bien entamée ; depuis septembre 2024, l’Année Saint-Élie est lancée à Avon. Elle a pour leitmotiv « Renouvelle ton zèle à l’école du prophète Élie », car elle s’adresse à des jeunes désireux de prendre un temps long pour approfondir leur foi à l’école du Carmel.
Les jeunes intéressés peuvent avoir différentes motivations : moment dédié à leur foi au sortir des études et avant de se lancer dans la vie ­professionnelle, ou moment dédié à la connaissance de la foi chrétienne pour des recommençants ou des nouveaux convertis, ou encore moment de discernement vocationnel.

Deux participants

Jean-Baptiste et Nicolas bénéficient actuellement de cette Année. Le premier vient du diocèse de Grenoble, où il est vacher : tous les ans, de juin à septembre, il mène en emmontagnée un troupeau de quatre-cents vaches ! Le second vient du diocèse de Beauvais et travaille dans la restauration. L’Année Saint-Élie les amène à vivre au contact de la communauté des frères carmes et du personnel du Centre spirituel d’Avon. Ils sont logés dans des chambres côté couvent, prennent leurs repas tantôt au Centre tantôt en clôture avec les frères.

Des matinées studieuses

Les matins, Jean-Baptiste et Nicolas approfondissent leur foi, au moyen notamment de la lecture et de commentaires sur le Livre des Demeures, de sainte Thérèse d’Ávila. Régulièrement, frère Cyril fait un enseignement en lien avec les thèmes abordés au sein de cet écrit majeur de la spiritualité chrétienne : prière, combat spirituel, etc. Chaque semaine, toujours en matinée, un épisode du feuilleton espagnol sur la vie de la Madre est visionné. Il permet de « donner chair » au Livre des Demeures tout en connaissant mieux le Carmel. L’étude de saint Jean de la Croix et de la petite Thérèse suivront.

 

Des après-midis ­laborieuses

Deux ou trois après-midis par semaine, les jeunes travaillent au grand air, aidant frère Olivier-Marie dans les multiples travaux nécessaires à l’entretien du parc : ramassage de feuilles mortes, lutte contre les mousses envahissantes sur le parking ou sur les murs. D’autres après-midis, ils aident au rangement de la bibliothèque des retraitants, ou font du bricolage (poignée de porte à changer, matériels à déplacer…). Enfin, ils participent régulièrement à l’accueil des groupes venant au Centre spirituel.

 

Une expérience spirituelle

Bien sûr, en toile de fond, Jean-Baptiste et Nicolas participent sur place à la vie de prière et liturgique, à travers leur présence aux temps d’oraison, à l’Eucharistie et aux offices liturgiques. C’est un cadre qu’ils apprécient, car il leur permet de prendre le temps de nourrir leur foi et ce, de manière très régulière. Cadre précieux, au milieu d’un monde agité courant souvent après des futilités ! « Eh quoi ! Le monde est en feu, écrivait sainte Thérèse ! Ce n’est pas le moment de traiter d’affaires de peu d’importance » (Cv 1,5) …
Chaque mois, ils ont la possibilité de participer à une session ou une retraite du Centre spirituel, et ils ne manquent pas d’en trouver à leur goût. Ils ont pu ainsi bénéficier d’un week-end sur l’oraison, d’un autre sur le lien entre cinéma et spiritualité, d’un autre encore sur la spiritualité de la musique de Jean-Sébastien Bach, etc.

En fonction de

En effet, si l’Année Saint-Élie propose un cadre, elle comporte aussi une part de sur-mesure. Jean-Baptiste a ainsi souhaité intégrer l’équipe du pôle missionnaire de la paroisse de Fontainebleau, donnant des cours de catéchisme à un groupe de préadolescents, les samedis matin.Les samedis après-midi sont plutôt consacrés au sport, et notamment au vélo ou au tennis. Des temps de vacances sont également au programme ; Jean-Baptiste a souhaité en avoir régulièrement, Nicolas beaucoup moins.

Une belle aventure

Le dimanche sort de l’ordinaire. Après la messe, Jean-Baptiste et Nicolas rejoignent la communauté, pour le déjeuner. Celui-ci n’a pas lieu en silence – c’est dimanche ! – et les conversations fusent, les rires aussi. La joie est en effet caractéristique de la vie au Carmel, et elle imprègne elle aussi l’Année Saint-Élie. L’après-midi est l’occasion d’une balade en forêt de Fontainebleau, si riche de paysages différents : les frères carmes, Jean-Baptiste et Nicolas se perdent quelque-fois, mais jamais pour très longtemps… Les balades en forêt sont comme la vie spirituelle : une « heureuse aventure », comme dirait saint Jean de la Croix !

Fr. Cyril Robert, ocd (Avon)

Prière pour les vocations au Carmel

Seigneur,
Nous te rendons grâce
pour le charisme carmélitain

et le trésor spirituel reçu
de tant de frères et sœurs.

Afin que le Carmel continue sa mission par l’oraison,
la vie fraternelle et l’apostolat,
à la prière de sainte Thérèse de ­l’Enfant-Jésus,
accorde-nous d’accueillir et de former
des vocations pour ton Église.
Amen.

 

 

Qu’est-ce que le Carmel ?

Aux sources du Carmel

Notre histoire prend racine sur le Mont ­Carmel, en Israël où, au IXe siècle avant Jésus-Christ, le prophète Élie rendit témoignage au Dieu vivant. En ce lieu, à la fin du XIIe siècle, des hommes se retirent pour mener une vie d’ermites. Vers 1208, ils reçoivent des mains de saint Albert, patriarche de Jérusalem, une « formule de vie », la Règle du Carmel. Ces hommes se placent sous la protection de Notre-Dame : on les appelle « frères de la bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel ».

Au milieu du XIIIe siècle, les carmes quittent la Terre Sainte et essaiment en Europe. Ces contemplatifs assument dorénavant un travail apostolique : c’est ainsi qu’ils sont reconnus par l’Église comme un Ordre mendiant, à l’instar des dominicains et des franciscains. Par le don du scapulaire du Carmel, la Vierge Marie assure sa vigilance maternelle sur le développement de cette jeune communauté. Au XVe siècle, l’Ordre s’enrichit de deux nouvelles branches : aux religieux carmes se joignent les moniales carmélites et les laïcs membres du Tiers-Ordre.

Puis c’est le tournant décisif du XVIe siècle, cette fois-ci en Espagne. Sainte Thérèse d’Ávila rénove le Carmel en lui donnant une impulsion nouvelle centrée sur l’oraison au service de l’Église. Elle fonde de nouvelles communautés de moniales mais aussi de frères, avec l’aide de saint Jean de la Croix. Ainsi naît l’Ordre des Carmes Déchaux composé de carmes, de carmélites et de laïcs. Plus tard, différentes formes de vie consacrée (congrégations, instituts séculiers, …) viennent puiser à la source de notre charisme. Elles forment aujourd’hui la famille carmélitaine.

Les Carmes Déchaux sont actuellement 4000 dans le monde : ils vivent dans des couvents répartis en Provinces. Notre Province de ­Paris, comprenant la moitié Nord de la France et l’Irak, compte 4 couvents : Avon, Bagdad, Lisieux et Paris.

Notre vie de Carmes Déchaux

Nous sommes des religieux contemplatifs et apostoliques vivant dans des communautés fraternelles. Selon le charisme reçu de sainte ­Thérèse d’Ávila, notre vie se développe à travers trois dimensions qui structurent notre vie.

Pour en savoir plus : Le Carmel en France

Les vœux solennels

Pendant le temps de vœux temporaires qui dure habituellement 5 ans, les frères poursuivent l’apprentissage de la vie carmélitaine tout en suivant une formation intellectuelle qui les prépare à leur future mission. Ils vivent dans la communauté du studentat.

Au terme de cette période, le frère peut demander à s’engager définitivement dans l’Ordre des Carmes Déchaux par des vœux solennels. Cela nécessite un vote de la communauté éducative et la décision du Provincial qui tiennent compte de la maturité humaine et spirituelle du frère. Le frère admis à la profession solennelle est ensuite nommé par le Provincial dans un des couvents de la Province avec de possibles responsabilités locales ou provinciales.

Le discernement de l’ordination (devenir prêtre au sein de notre Ordre) se fait pendant cette période des voeux temporaires. L’éventuelle ordination a lieu au moins deux ans après la profession définitive pour permettre un enracinement profond du profès dans notre genre de vie.

Ce chemin d’humanité et d’approfondissement spirituel, survenant dans le contexte des études, ne saurait se faire sans « un accompagnement » fraternel. Comment se risquer « si personne ne me guide ? » nous rappellent les Actes des Apôtres (Ac 8, 31). Cela justifie donc (comme au noviciat) la place du maître de formation (Maître des étudiants) aux côtés du frère afin que ce dernier avance dans la liberté sur le chemin de la vie fraternelle et les voies de l’intériorité. La connaissance de soi que cela produira créera les conditions d’un vrai discernement et d’un choix libre.

Les premiers vœux

À la fin du noviciat, un vote de la communauté éducative détermine si le novice est en mesure de s’engager dans l’Ordre du Carmel. Cela s’appelle faire profession. C’est le Père Provincial qui admet le novice à faire profession avec le consentement de la communauté éducative. Les constitutions précisent : « La profession temporaire sera émise pour une durée qui ne sera pas inférieure à trois ans, ni supérieure à six ans ». Ces dispositions canoniques (lois de l’Église et Constitutions), indépendamment de leur nécessité, attestent que le frère novice a reçu les éléments fondamentaux à même de l’insérer dans la vie de l’Ordre.

Cette décision confirme également que, dans le cadre du noviciat, le frère a reçu effectivement une formation spirituelle suffisante le rendant apte à poursuivre l’aventure carmélitaine durant les années de profession temporaire. Par cette première profession, le frère s’engage ainsi à vivre les vœux de chasteté, pauvreté et obéissance durant trois ans. Il renouvellera ses voeux ensuite pendant deux ans. Ainsi le temps des voeux temporaires dure habituellement cinq ans.

Lors de ses premiers vœux, le nouveau religieux reçoit l’habit de l’Ordre, comme signe d’une nouvelle naissance : appel à être un homme nouveau et expression de l’incorporation à l’ordre du Carmel. Il rejoint ensuite le couvent du Studentat de la Province établi à Paris, rue Jean Ferrandi, situé à proximité des facultés de théologie. Il approfondira pendant ces années son engagement dans la vie religieuse avec l’aide de nouvelles expériences (études, apostolats, responsabilités) avant d’envisager peut-être la profession solennelle.

Le noviciat

Entrer au désert

L’entrée au noviciat se fait par la remise d’un « petit habit » (vêtement à capuche) lors d’une célébration privée. Le noviciat est une expérience de désert. Le novice ne voit pas sa famille et ses amis pendant ce temps. Il y a une mise à distance par rapport aux moyens techniques de communication afin de vérifier l’aptitude du novice à assumer une certaine solitude pour Dieu. La pédagogie est une pédagogie du désert, ce qui permet au novice de mieux se connaître, de s’attacher à la personne de Jésus-Christ, d’apprendre à se laisser conduire par l’Esprit en faisant le choix de l’Unique Nécessaire. Le novice approfondit son expérience de vie fraternelle par le partage la vie de la communauté. Il continue à creuser sa connaissance des grands saints du Carmel et de la vie religieuse. Le novice fait l’expérience d’un regard qui se transforme, et lui donne de voir les vœux de chasteté, de pauvreté, d’obéissance, non comme une perte, mais comme un amour qui se donne pour répondre à un amour qui appelle.

Où t’es-tu caché, Bien-Aimé ?
Tu m’as abandonnée dans les gémissements
Comme le cerf blessé tu as fui m’ayant blessée.
Je sortis à ta poursuite en criant, et tu étais parti.
Saint Jean de la Croix, Cantique Spirituel B

Le noviciat dure, en général, un an durant lequel un discernement se poursuit ; il est ponctué par trois votes de la communauté éducative. Pendant le noviciat, les novices de la Province de Paris participent à des sessions d’internoviciat qui regroupent une fois par mois pendant deux ou trois jours, des novices de différents instituts religieux. On y approfondit, par un apport pratique, théologique et anthropologique, les différents aspects de la vie religieuse. Ces sessions sont préparées et reprises par les novices et leur formateur selon la spiritualité et le mode de vie propres au Carmel.