Week-end de discernement : « Au désert »

« Oracle du Seigneur : Je l’emmènerai au désert, et là je parlerai à son cœur » (cf. Osée 2,15-16).


Week-end de discernement vocationnel pour ceux et celles qui s’interrogent sur leur vocation : courts enseignements, journée de solitude, accompagnement spirituel.

Pour plus d’informations, contacter frère Cyril au 01 53 71 14 60 ou [email protected]

 

La journée type d’un frère

Dans la douceur et la force de l’Esprit, Entrer dans le combat spirituel avec comme armes : la foi, l’espérance et la charité.

Notre rythme de vie

De bonne heure, dans la chapelle du Carmel, les frères carmes sont là, chacun dans la position qui lui convient pour se recueillir. Quelques mots prononcés à haute voix ouvrent l’heure d’oraison : « L’ange du Seigneur vint porter l’annonce à Marie … » Une heure de prière silencieuse, un cœur à cœur avec le Seigneur, pour accueillir le mystère de la venue de Dieu, au moment où la ville commence à s’agiter.

C’est ensuite la prière chantée du matin, l’office des Laudes. Aux voix des frères de la communauté se joignent celles des retraitants et fidèles venus au couvent. Il est bon de louer, d’intercéder, en s’unissant à la grande voix de l’Église de la terre et du ciel. Au programme le matin : variable selon les jours! Par exemple, temps de lecture spirituelle, réunion de communauté qui a lieu chaque semaine : lire ensemble quelques pages d’un saint et ami, s’enrichir de la diversité des réactions qu’il suscite, discerner ce qui porte la marque de son temps et ce qui témoigne de la Vérité qui ne passe pas.

La matinée peut aussi être employée à la préparation d’une courte homélie pour la célébration de la messe ou au courrier papier ou électronique : ces lettres reçues, chargées de vie, joyeuses ou douloureuses. Il s’agit de se laisser toucher et de faire écho après avoir levé son regard vers le Seigneur. La cloche a sonné en fin de matinée pour appeler à l’Eucharistie. Ce rendez-vous est le centre de notre journée. Il nous recrée intérieurement, nous unit les uns les autres en Christ au-delà de nos différences, nous entraîne vers un avenir dont Dieu seul a le secret.

Vient le déjeuner, avec la lecture de quelques pages d’un article ou d’un livre. Puis un temps de récréation conversation donne lieu aux échanges de nouvelles, aux plaisanteries, au rire ou à d’âpres discussions ! L’après-midi peut être consacrée à l’accompagnement spirituel, une rencontre avec une fraternité de laïcs de spiritualité carmélitaine, un groupe de prière des environs, la préparation d’une conférence, un cours, etc…

En fin d’après-midi, nous avons de nouveau une heure d’oraison avec l’office des vêpres. L’esprit et le cœur sont alors habités par les visages rencontrés au cours de la journée, les messages de joie ou de détresse reçus par email ou au téléphone, les événements lus dans le journal. Tout accueillir, tout remettre à Celui qui est venu tout porter, tout offrir. Nous aimons ces deux grandes plages de prière où nous venons pour tenir compagnie au Seigneur et apprendre de lui à dilater notre cœur à la taille de l’Église et de l’humanité.

Après le repas du soir pris sur un fond de musique classique et le temps de la vaisselle faite ensemble, la journée en communauté s’achève par le bref office de Complies, la dernière prière chantée de la journée.

S’ouvre alors un temps privilégié de solitude… ou d’apostolat pour d’autres. Les uns se couchent tôt qui se lèveront tôt. Certains frères animent une école d’oraison ou un groupe carmélitain. D’autres enfin veillent avec Celui dont nous connaissons l’Amour infini !

Est-ce qu'on travaille au Carmel ?

Depuis « les Pères du désert » jusqu’à ce jour, toutes les Règles monastiques, les Constitutions des diverses familles religieuses évoquent la question du travail. Cette attention révèle combien cette réalité qu’est l’activité humaine s’avère importante pour l’équilibre tant physique et psychologique, que spirituel du religieux. Concernant ce dernier point, le travail est souvent abordé comme un remède à l’oisiveté, mère de tous les errements.

La Règle du Carmel souligne elle-même ce danger en citant saint Jérôme : « Vous devez vous livrer à quelque travail afin que le diable vous trouve toujours occupés, et que votre oisiveté ne lui permette pas d’avoir quelque accès à vos âmes ». Cette place accordée au travail, aux activités manuelles et physiques dans la vie du religieux revêt cependant une attention plus soutenue durant les premières années de formation (postulat et noviciat).

Autre aspect du travail : s’il est antidote à l’oisiveté, il est également facteur d’équilibre et source de joie pour l’être humain. Considération qui nous fait saisir l’importance de toute activité de détente et de ressourcement pour le religieux, qu’elle touche le corps, le psychisme ou la vie intérieure. En effet, la formation spirituelle des frères et les études pourraient également conduire à des excès, nuisibles à leur équilibre. Nulle concession à la mondanité en cette approche. Dans son « projet carmélitain », sainte Thérèse elle-même a pris soin de ménager ces grands moments de détente pour l’âme et le corps appelés « récréations ». Ces moments font partie intégrante du quotidien des frères carmes.

Enfin il y a bien sûr l’enjeu économique : à l’école de saint Joseph, nous avons à gagner notre vie par notre travail, qu’il soit apostolique, intellectuel ou manuel. Notre voeu de pauvreté est en jeu dans cet engagement dans le travail avec l’aide de l’humble vie .

Vivre en communauté

« Qu’il est doux pour les frères de demeurer ensemble et d’être unis. » Ps 133

La vie fraternelle se déploie déjà dans la vie de prière et dans le silence, qui nous unit dans une communion au-delà des mots. La vie de communauté nous aide au quotidien à grandir en humanité et en sainteté en donnant à nos frères et en recevant d’eux : notre amour de Dieu se vérifie dans l’amour du prochain. « Tous doivent être amis » (Chemin de perfection 4,7) : pour sainte Thérèse d’­Ávila, la vie communautaire irradie la joie partagée de suivre le Christ, pauvre, chaste et obéissant.

La vie fraternelle constitue un élément essentiel sur le chemin de l’union à Dieu, car amour de Dieu et amour du frère sont inséparables. Elle est le signe de cette Présence du Christ qui rassemble des frères qui ne se sont pas choisis mais qui ont été appelés par le Seigneur. Après le temps de la formation, le religieux carme est envoyé dans un des couvents de la Province. Cela suppose une disponibilité aux appels de l’Esprit Saint. La réponse à ces appels s’incarne dans un réel dialogue avec les frères en responsabilité : il s’agit, concrètement, d’avancer, d’oser s’aventurer avec et au milieu de ses frères avec un cœur libre et généreux.

Quand bien même le frère carme vit des temps de ressourcement et de solitude (retraite spirituelle), son quotidien se passe habituellement en communauté. « La colonie d’ermites » des origines vit désormais dans un même espace, le couvent ; la cellule reste le signe du retrait et « du désert » mais les frères se retrouvent régulièrement au cours de la journée : pour vivre l’oraison silencieuse, pour célébrer la liturgie de Heures et l’Eucharistie, pour prendre les repas, pour la vie apostolique (vécue individuellement, avec d’autres frères ou l’ensemble de la communauté), pour les temps de récréations et de détente (véritable lieux de ressourcement du cœur en compagnie de ses frères).

S’engager dans l’oraison

« L’oraison est un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé. »
Sainte Thérèse d’Ávila, Vie 8

La prière silencieuse, l’oraison, est au centre de notre vie au Carmel. Cette prière est un élan du cœur qui nous remet chaque instant en présence de Dieu. L’oraison permet de faire grandir en chacun de nous, la rencontre et l’amitié profonde avec Jésus. Nous écoutons et méditons la parole de Dieu dans notre cœur, celle-ci devient une lumière éclairant les activités du jour, dans le travail ou dans la détente, dans les joies ou dans les peines.

L’oraison silencieuse est un moment privilégié de rencontre personnelle avec Dieu. « L’oraison est un dialogue personnel, intime et profond entre Dieu et l’homme » (Lettre de la congrégation pour la doctrine de la Foi, 1989).

Pour sainte Thérèse d’Ávila, c’est le Christ ­Jésus qui doit être le centre de ma vie de prière. Sinon je risque souvent de tomber dans le monologue. Dans la prière, j’apprends à écouter ce que le Seigneur veut me dire car je laisse résonner en moi sa Parole, lue dans la Bible. Je vois comment elle visite les événements de ma vie et les éclaire. Je prends aussi la parole pour confier au Seigneur ce que je vis de joyeux ou douloureux pour que ma vie passe dans ma prière. La prière est bien un dialogue amical qui doit laisser aussi une place au silence : être là, gratuitement et par amour de Jésus. Lui parler, l’écouter, être là.

La présence de Dieu a été considérée de tout temps comme le grand sujet de méditation qui prépare l’esprit à goûter l’intimité divine. Le Carmel accorde une grande importance à l’exercice de la présence de Dieu à la suite du prophète Élie qui se tenait « en face de Dieu vivant » (1R17,1).

Apprendre à vivre en présence de Dieu

Vouloir vivre en présence de Dieu, c’est désirer lui faire place dans sa vie. 2 heures, 30 minutes ou 15 minutes, peu importe le temps consacré, tant que nous avons en nous le désir profond de Dieu, de le rencontrer et de le découvrir.

Vivre en présence de Dieu demande du temps et de l’humilité. Comme disait frère Laurent de la Résurrection « il faut une grande fidélité à la pratique de cette présence et au regard intérieur de Dieu en soi, qui se doit toujours faire doucement, humblement et amoureusement, sans se laisser aller à aucun trouble ou inquiétude. » C’est donc apprendre à se laisser regarder et aimer par Dieu en simplicité, tel que nous sommes.

En savoir plus sur l'oraison

Travailler à la mission de l’Église

Pour être les témoins de l’Amour du Christ

Être saisi par la compassion du Christ, aider son prochain à trouver du sens , écouter, accompagner, être présent auprès des autres,  faire expérimenter la Parole de Dieu comme une Parole vivante aujourd’hui.

Ces mots de sainte Thérèse d’Ávila traduisent son zèle missionnaire :

« Le monde est en feu, on veut condamner à nouveau le Christ, comme on dit, puisqu’on élève contre lui mille faux témoignages, on veut jeter à terre son Église, …il n’est pas temps de traiter avec Dieu d’affaires de peu d’importance. »
Chemin de perfection ch.1

L’accompagnement spirituel est un apostolat que nous accomplissons fréquemment : accueillir avec le Seigneur, écouter, être pris à témoin de ce que l’autre, homme ou femme, vit en ombre et lumière ; l’aider à devenir un être de prière, à reconnaître le chemin de vie qui se découvre jour après jour. Ce travail d’acompagnement est important.

D’autres ministères sont possibles : une journée avec une fraternité de laïcs de spiritualité carmélitaine (OCDS), un cours de théologie, une soirée avec un groupe de prière, une longue retraite de sept jours, un temps en aumônerie d’étudiants, quelques jours dans une communauté de Carmélites que nous accompagnons. La rencontre des Carmélites est un temps d’enrichissement mutuel, même si le rythme en est très variable selon les possibilités des frères.